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Videogeiko : Tenno Hai 天皇杯

Dernière mise à jour : 20 mars 2019


Lorsque je logeais chez le fils de Furusawa Sensei, il n'était pas rare que nous passions des soirées entières à visionner en boucle des vidéos de tireurs exceptionnels. Le lendemain matin nous nous rendions au Dojo et nous entraînions, imprégnés de ces images.


La vidéo de cet article est un montage d'images tournées durant la Coupe de l'Empereur à Ise en 2011. Ce prestigieux tournoi se déroule sur 2 jours, précédant la Coupe de l'Impératrice pour les femmes les 2 jours suivants.


Le premier jour 83 candidats sélectionnés dans tout le Japon tirent 2 flèches devant 7 jurés, puis 2 autres flèches devant 7 autres jurés. Les 14 Hanshi attribuent des points qui prennent en compte l'ensemble de la prestation. Les 20 tireurs qui ont obtenu le plus de points et mis au moins 2 flèches sur 4 dans la cible sont sélectionnés pour la finale le lendemain.


Cette vidéo est une sélection de tirs des 20 finalistes. Autrement dit, la crème de la crème. Ce n'est pas une vidéo que l'on regarde une fois, par curiosité. Elle est destinée aux pratiquants qui n'ont pas la possibilité d'assister régulièrement à cette épreuve, pour qu'ils la visionnent 10 fois, 100 fois, 1000 fois... et s'en imprègnent. Même les flèches qui n'aboutissent pas comme l'aurait souhaité le candidat sont pour nous porteuses d'enseignement. Une “vidéo de chevet“ en quelque sorte...


Erick Moisy


L’ambiance de la Coupe de l’Empereur

En tant que Renshi je me suis présenté de nombreuses fois aux éliminatoires, mais au début sans succès. C’est à l’âge de 35 ans que j’ai été choisi comme représentant de la préfecture pour la première fois. Pour me préparer à cette première participation, je suis allé m’entraîner au dojo de Kikuchi Sensei. Elle ne me parlait pas en termes concrets de la spiritualité du Kyudo, mais me faisait ressentir ce qu’était l’ambiance de la Coupe de l’Empereur. Cela ne m’a pas empêché d’être fortement impressionné lors de ma première participation.

Ce qui m'a le plus frappé, c’était le système d’attribution de points qui permettait de départager les finalistes. Jusqu’alors il ne s’agissait que de cibler. Ce n’est qu’en participant à la Coupe de l’Empereur que j’ai découvert qu’il y avait un Kyudo avec un système de points. Je me suis dit que je voudrais vraiment participer à la finale, mais les 5 premières années, je n’ai jamais passé les éliminatoires. C’est en tant que spectateur de la finale que je me suis demandé ce qui faisait la différence. Ma participation à la Coupe de l’Empereur est devenu l’objectif de toutes mes années d’entrainement.


Yoshimoto Sensei Hanshi 9e Dan

8 fois vainqueur de la Coupe aux points

3 fois vainqueur de la Coupe de l'Empereur




... dans les gradins lors de la finale

La Coupe de l'Empereur est avant tout l’expérience d’une atmosphère unique. C'est l’opportunité de voir les tirs de Kyudoka du plus haut rang. J’en veux pour preuve le fait que les tireurs qui n’ont pas passé les éliminatoires sont dans les gradins lors de la finale. C’est parce qu’il y a beaucoup à apprendre. “Ah c’est comme cela qu’on fait…Tiens je ne connaissais pas cette technique…“ C’est vraiment une école en soi. C'est la première condition pour faire des progrès dans son tir. Il n’y a rien de plus négatif que de quitter la Coupe parce que l’on a pas passé les éliminatoires. Moi aussi dans mon temps on m’a souvent dit : “Observe attentivement ce qui fait un bon tir, regarde bien ce qui fait qu’un tir est manqué”. Même pour les Kyudoka qui ne participent pas, et il y en a qui voient la Coupe de l’Empereur pour la première fois, c’est une grande source d’enseignement que d’être simple spectateur. Puis quand ils retournent dans leurs Dojo respectifs, il se souviennent de la beauté du tir de tel ou tel Sensei. Et comme ils tentent ensuite d’imiter ce tir, c’est vraiment très productif. La Coupe de l’Empereur est vraiment une source d’enseignement très riche.


De voir que tel ou tel participant est resté totalement serein dans l’épreuve est aussi un enseignement. De suivre le parcours du vainqueur et de voir que non seulement son tir est parfait, mais aussi sa sérénité dans l’épreuve. On demande souvent au vainqueur : “Dans quel état d’esprit étiez-vous?” et il répond “Je n’en ai aucune idée”. Mais ce niveau de sérénité ne s’atteint qu’au prix d’un dur entrainement. La réponse que l’on entend le plus souvent est : “Je n’ai fait qu’appliquer ce que mon Sensei m’a enseigné”. Cela devient tout naturellement aussi un enseignement pour les autres.


Aussi bien pour l’enseignant que pour le participant, il y a une grande leçon à retirer du fait de constater que pour être à la hauteur de la Coupe de l’Empereur il ne suffit pas seulement d’être capable de cibler constamment lors de l’entraînement dans son Dojo. L’atmosphère de la Coupe, c’est quelque chose que l’on ne peut ressentir que si l’on y participe. Et si on y participe deux ou trois fois, on fait des progrès énormes. Il y a des cas d’exception ou un tireur va réaliser un exploit lors d’une première participation. Mais dans la plupart des cas, même pour les tireurs qui sont très surs d’eux-mêmes, les choses ne se passent pas facilement. C’est en accumulant les échecs, après cinq ou six participations, que la vraie force d’un tireur fait surface. Je pense que la Coupe de l’Empereur est une occasion splendide pour apprendre quelque chose. C’est vraiment une plate-forme unique. Je dis souvent que si l’on pratique le Kyudo il faut participer à la Coupe, et si on n’arrive pas à participer, qu’il faut au moins venir voir les épreuves. L’atmosphère de la Coupe est quelque chose qui n’existe dans aucun autre type de tournoi. Il y a beaucoup de participants qui ne mettent pas une seule flèche à côté de la cible lors des entrainements. Peut-être trois ou quatre flèches sur une période d’une semaine. Mais une fois ici, sur 10 flèches, ils mettent tout à côté. C’est impensable, mais il y a beaucoup de tireurs qui font piètre figure lors de la Coupe. C’est vraiment la preuve qu’il y a quelque chose de spécial dans le cadre de la Coupe de l’Empereur. Pour la majorité des participants, les choses ne se passent pas comme ils s’y attendaient.


Suzuki Sansei Sensei

Hanshi 10e Dan


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