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Vous avez dit Shin Zen Bi ?

Dernière mise à jour : 25 janv. 2019


Calligraphie sur un Yumimaki

Le But suprême du Kyudo : Kyudo Kyohon en français, pages 19 à 21. La Vérité, la Bonté, la Beauté. Depuis plus de 3000 ans l'Homme s'interroge sur ces valeurs. Beaucoup en parlent, mais bien souvent, Shin Zen Bi c'est comme la confiture...


AKTOP ne détient pas la Vérité, mais donne la parole, toujours subjective, à ceux qui ont vraiment consacré leur vie à tenter de pénétrer l'esprit de notre discipline par la pratique et sur la base de références et d'expériences japonaises sérieuses.


En 1998 j'ai reçu ce texte de Liam O'Brien Sensei. Je suis persuadé qu'il serait vraiment utile de le méditer, notamment le dernier paragraphe. Si les occidentaux sont très à l'aise pour intellectualiser, O'Brien Sensei nous rappelle que pour les japonais cela ne peut pas être séparé de l'expérience, du corps, de la sensation, de la pratique. Shin Zen Bi n'est pas un pré-requis, c'est le but suprême de notre Voie.


Erick Moisy








Shin, Zen, Bi : La recherche de la Vérité, de la Bonté et de la Beauté dans la culture japonaise


La recherche de la Vérité, de la Bonté et de la Beauté est universelle, et on la retrouve dans toutes les cultures. En Occident, elle est présente au 4ème siècle avant JC dans les écrits de Platon, où Vérité, Bonté et Beauté sont définies comme les valeurs premières de la réalité. En fait, on retrouve des discussions sur ces valeurs dans toute la pensée occidentale de Socrate à Freud.

Les Japonais, dans leur propre culture, ne se sont pas moins impliqués dans ces valeurs, même si cela s'est fait hors du cadre d'une philosophie rationnelle jusqu'à l'introduction de celle-ci au Japon assez récemment. Historiquement, les Japonais ont recherché la réalisation de ces idéaux dans la poursuite directe d'une illumination spirituelle, à travers la pratique plutôt que par des spéculations intellectuelles.


En tant que valeurs universelles qui définissent des aspects de la réalité ultime, Vérité, Bonté et Beauté sont présentées comme des qualités distinctes, mais dont on ne fait l'expérience que comme un tout inextricablement lié. Platon considérait le monde visible comme une expression éphémère de cette réalité absolue. Il croyait que des valeurs telles que Vérité, Bonté et Beauté n'étaient pas seulement des notions humaines, mais des composantes d'une configuration parfaite de la nature des choses.

Shin

Shin, Zen, Bi - Vérité, Bonté, Beauté, telles qu'elles sont comprises dans les arts traditionnels japonais, suivent de très près ce principe, et la Vérité y est considérée comme un absolu et non une notion relative. C'est elle qui précède l'action et la pensée. Au moment de l'action, l'expression (ou l'absence d'expression) de la Vérité est révélée. La culture traditionnelle japonaise insiste sur l'instant et l'examen sans fin de notre relation avec ce moment de Vérité.

Zen

La Bonté joue un rôle éthique et social et, dans les arts japonais, représente la structure morale qui rassemble la Vérité et son expression visible, la Beauté. Au demeurant, c'est beaucoup plus qu'un concept, c'est l'expression de l'harmonie naturelle dans l'ordre des choses. Un entraînement moral requiert de cultiver Heijoshin, l'esprit de tous les jours, ou une conscience qui ne se laisse pas perturber mais qui reste en rapport avec elle-même en toutes circonstances. Pour obtenir cela le pratiquant d'un art traditionnel japonais doit se confronter au désir et aux réactions négatives qui parasitent les relations. La Bonté ainsi cultivée transcende le cadre moral conceptuel et est exprimée dans son sens le plus profond.

Bi

L'acquisition de la Beauté, manifestation extérieure de la Vérité qui stimule et comble les sens, est le but suprême de tous les arts et toutes les cultures. Dans la tradition occidentale de l'esthétique, la Beauté, étant visible, est la plus importante et la plus accessible des valeurs premières. Elle éveille la conscience, et attire ainsi celui qui la contemple vers la connaissance de ce qui est bon et de ce qui est vrai. Mais alors que l'Occident a divisé l'appréciation esthétique en différents concepts de beauté, en Orient c'est le silence et l'expérience immédiate du Bi qui est inséparable de la vérité et de la Bonté de l'instant.

Orient et Occident

Considérant la période relativement courte pendant laquelle la culture japonaise a été exposée au rationalisme occidental, il n'est pas si surprenant que les valeurs esthétiques, éthiques et philosophiques japonaises soient restées enracinées dans une profonde tradition spirituelle et un respect pour les principes supérieurs émanant du monde naturel, une relation qui ne passe pas par les mots, mais dont on fait l'expérience directe.


Dans une discipline ou un art traditionnel japonais, il est vital de comprendre cela pour approfondir sa pratique. Un occidental dont le fonctionnement repose sur le sens plus que sur l'intuition ou le ressenti, ou qui est incapable d'abandonner l'orientation de soi pour réaliser que notre esprit, notre corps et notre coeur ne nous appartiennent pas, peut trouver frustrante la structure qui donne accès à cette expérience. Pour ceux qui peuvent l'accepter, cela peut amener à une illumination et une vision pénétrante de soi et du monde qu'il est le plus souvent bien difficile de trouver dans l'actuelle culture occidentale.


Liam O'Brien, 1998





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